Livre proposé par Sabry. Soirée chez Muriel et Sabry.

Mémoires de porc-épic, Alain Mabanckou.

Cher Baobab,

si je me suis rendu en ce vendredi 1er mai chez Sabry et Muriel, c'est avant tout pour profiter d'un dîner entre amis, le club lecture constituant aussi pour moi une occasion de revoir des personnes que je n'aurais pas forcément l'occasion de rencontrer sinon; alors bien sûr, je connaissais ton histoire, ou plutôt devrais-je dire l'une des nombreuses histoires qu'on a dû te raconter au cours de ta longue et contemplative existence

tout a commencé dans cette petite rue du XIVème, loin là-bas dans la ville où les baobabs font place aux immeubles; chacun avait passé sa journée à ses occupations : manifestations pour la plupart, repos pour certains et ménage pour moi qui avais tenté de remettre de l'ordre dans un appartement qui en avait bien besoin

j'arrivais un peu en retard, mais on m'excusa bien vite pour entamer l'entrée que Muriel nous avait préparée; nous étions 7, en plus de Sabry et Muriel, il y avait Stéphane, Jean Marc, Valérie et Christophe et bien sûr cher baobab, ton serviteur qui sinon ne serait pas là pour te conter cette histoire

Dès que les assiettes furent remplies, tu devins le centre de la conversation; comme le veut maintenant la tradition, on commença par un tour de table; personne ne fut vraiment gêné par l'absence de points dans le livre, les avis (y compris celui de Jean Marc) étaient positifs, même si Stéphane et moi avions eu un peu de mal à rentrer dans le récit dès les premières pages; la faute sans doute à un esprit un peu trop cartésien; Sabry, lui, évoqua une lecture ludique et très agréable, ce à quoi personne ne trouva à redire

on se demanda si cette histoire était un conte, mais l'hypothèse fut rejetée, le narrateur étant lui-même un des personnages de l'histoire; on évoqua ensuite des allusions à la littérature, avec Moby Dick notamment, Jean Marc cita un passage où le Porc épic s'attaque directement à l'auteur en en faisant une critique très négative; Sabry fit alors allusion à la littérature fantastique, ce qui nous amena à nous pencher sur un autre axe de ton récit

un des aspects essentiels de la littérature fantastique est le fait que le surnaturel fait partie intégrante des faits; mais peut-on vraiment parler de surnaturel dans cette histoire où les évènements sont tout à fait normaux pour les gens qui les vivent et qui les racontent

Il y eut ensuite une brève bifurcation vers Wolverine au cours de laquelle Sabry nous expliqua avec brio la différence entre Marvel et DC Comics, justifiant le fait que Batman et Spiderman ne se rencontreraient jamais (ce fut pour moi le premier choc de la soirée)

c'est par la suite que les évènement tournèrent au surnaturel; tu dois comprendre cher baobab que dans nos sociétés occidentales la magie ne fait pas partie du quotidien et que sa moindre manifestation peut s'avérer troublante : On en vint ensuite à parler de la guerre des étoiles, Valérie insista sur l'aspect manichéen du noir et du blanc à mettre en parallèle avec les couleurs de Dark Vador et des forces de l'empire; Stéphane fit ensuite une allusion à un philosophe selon lequel la force obscure serait une référence à la foi catholique

je sais que toutes ces histoire peuvent te paraître bien futiles cher baobab, mais il me faut passer par là pour t'amener à l'évènement qui fit passer la soirée dans le surnaturel; pour illustrer son discours, Sabry a décidé de nous faire une démonstration de sabre LASER, il a donc attrapé un sabre sur une armoire qu'il a dégainé devant nos yeux ébahis.

Au premier mouvement, le sabre se brisa dans ses mains. Quelle force maléfique pouvait bien être à l'œuvre? Le sabre était sans nul doute envoûté, mais il faut une magie très puissante pour briser un sabre. Qui pouvait être à l'origine de cette malédiction? À l' heure où je te parle cher baobab, je n'en ai toujours pas la moindre idée.

On discuta encore un peu boulot puis chacun repartit, encore choqué par l'évènement surnaturel qui venait de se produire. Sabry promit qu'il en rachèterait un, mais le club lecture reste en deuil.