C'est une folie, c'est une manie, c'est un fantasme et une torture.
Je pourrais passer ma vie à rédiger des listes. Le temps aidant, elles pourraient acquérir la légèreté de l'insouciance. Perdre leur valeur d'obligation, leur poids culpabilisant (pas fait! réveille-toi, enfin!).
La liste porte en elle l'infini des possibles, supporte la brièveté comme la longueur déraisonnable.
Les listes maniaques s'écrivent dans le désordre, avant qu'un discret numéro ne vienne semer un peu de raison.
Les listes plaisantes n'énumèrent que le superflu et leur calligraphie rappelle l'ardoise noire de la salle de classe du CE2, modèle de majuscules établi à demeure contre les fenêtres vitrées du couloir.
La vieille liste, recopiée autant de fois que le volontarisme a refait surface, porteuse de ce que j'ai le moins envie au monde de faire.
La liste des invités d'un événement qui, parfois, n'a pas lieu, mais qui reste virtuellement profondément désirable.
La liste, évidemment, des livres à lire : la plus terrible et la plus excitante!