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Avec l'envie de faire de la place aux mots...

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Effervescences

Pour ne pas se laisser écraser par le gris du quotidien, la mort de l'esprit, ou comme dit un ami italien, "l'importante è stare vivi nel cervello, non morire sommersi tra le mille cagate quotidiane"...

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28 décembre 2015

Fabrice Erre.

Les dessins de Fabrice Erre sont une garantie d'éclat de rire pour moi. Son sens de l'observation est tellement juste, et pas si exagéré...
Son blog

23 décembre 2015

La musique du bonheur.

Une émission de France Culture, pour une balade musicale : La musique du bonheur

6 octobre 2015

Alain Mabanckou.

J'ai beau me souvenir de mes cours de littérature m'enjoignant de bien séparer la vie et l'oeuvre d'un écrivain, je suis charmée par la cohérence, l'harmonie entre ses textes et sa personne : art de conter et joie habitent Alain Mabanckou.

Son site : Facebook Mabanckou

Le site de son éditeur : Le Seuil Mabanckou

1 août 2012

Identité.

"pourquoi racontons-nous ces histoires ?

que sommes-nous venus chercher ici ?

que sommes-nous venus demander ?

loin de nous dans le temps et dans l’espace, ce lieu
fait pour nous partie d’une mémoire potentielle,
d’une autobiographie probable.
nos parents ou nos grands-parents auraient pu s’y trouver
le hasard, le plus souvent, a fait qu’ils sont ou
ne sont pas restés en Pologne, ou se sont arrêtés,
en chemin en Allemagne,
en Autriche, en Angleterre ou en France.

ce destin commun n’a pas pris pour chacun de nous la
même figure :

ce que moi, Georges Perec, je suis venu questionner ici,
c’est l’errance, la dispersion, la diaspora.
Ellis Island est pour moi le lieu même de l’exil, c’est-à-dire
le lieu de l’absence de lieu, le non-lieu, le
nulle part.
c’est en ce sens que ces images me concernent, me
fascinent, m’impliquent,
comme si la recherche de mon identité
passait par l’appropriation de ce lieu-dépotoir
où des fonctionnaires harassés baptisaient des
Américains à la pelle.
ce qui pour moi se trouve ici
ce ne sont en rien des repères, des racines ou des
traces,
mais le contraire : quelque chose d’informe, à la
limite du dicible,
quelque chose que je peux nommer clôture, ou scission,
ou coupure,
et qui est pour moi très intimement et très confusément
lié au fait même d’être juif

je ne sais pas très précisément ce que c’est
qu’être juif
ce que ça me fait que d’être juif

c’est une évidence, si l’on veut, mais une évidence
médiocre, qui ne me rattache à rien ;
ce n’est pas un signe d’appartenance,
ce n’est pas lié à une croyance, à une religion, à une
pratique, à un folklore, à une langue ;
ce serait plutôt un silence, une absence, une question,
une mise en question, un flottement, une inquiétude :

une certitude inquiète,
derrière laquelle se profile une autre certitude,
abstraite, lourde, insupportable :
celle d’avoir été désigné comme juif,
et parce que juif victime,
et de ne devoir la vie qu’au hasard et à l’exil

j’aurais pu naître, comme des cousins proches ou
lointains, à Haïfa, à Baltimore, à Vancouver
j’aurais pu être argentin, australien, anglais ou
suédois
mais dans l’éventail à peu près illimité de ces
possibles,
une seule chose m’était précisément interdite :
celle de naître dans le pays de mes ancêtres,
à Lubartow ou à Varsovie,
et d’y grandir dans la continuité d’une tradition,
d’une langue, d’une communauté.

Quelque part, je suis étranger par rapport à quelque
chose de moi-même ;
quelque part, je suis « différent », mais non pas
différent des autres, différent des « miens » : je
ne parle pas la langue que mes parents parlèrent,
je ne partage aucun des souvenirs qu’ils purent
avoir, quelque chose qui était à eux, qui faisait
qu’ils étaient eux, leur histoire, leur culture,
leur espoir, ne m’a pas été transmis.

Je n’ai pas le sentiment d’avoir oublié,
mais celui de n’avoir jamais pu apprendre ;
c’est en cela que ma démarche est différente de celle
de Robert Bober :

être juif, pour lui, c’est continuer à s’insérer
dans une tradition, une langue, une culture, une
communauté que ni les siècles de la diaspora ni
le génocide systématique de la « solution finale »
n’ont réussi à définitivement broyer ;

être juif, pour lui, c’est avoir reçu, pour le transmettre
à son tour, tout un ensemble de coutumes, de
manières de manger, de danser, de chanter, des mots,
des goûts, des habitudes,

et c’est surtout avoir le sentiment de partager ces
gestes et ces rites avec d’autres, au-delà des
frontières et des nationalités, partager ces choses
devenues racines, tout en sachant à chaque instant
qu’elles sont en même temps fragiles et essentielles,
menacées par le temps et par les hommes :

fragments d’oubli et de mémoire, gestes que l’on retrouve
sans les avoir jamais vraiment appris, mots qui reviennent,
souvenirs de berceuses,

photographies précieusement conservées :
signes d’appartenance sur lesquels se fonde son
enracinement dans l’Histoire, sur lesquels se forge
son identité, c’est-à-dire ce qui fait qu’il est à
la fois lui et identique à l’autre."

Récits d’Ellis Island, histoires d’errance et d’espoir, Georges Perec et Robert Bober.

Extrait de la deuxième partie, « Description d’un chemin », écrite par Perec.

18 juillet 2012

Puz/zle.

Un spectacle de danse du chorégraphe anversois Sidi Larbi Cherkaoui.
Festival d'Avignon, dans la carrière de Boulbon.
Une façon de croiser les disciplines, la danse et la musique, et au sein de la musique les genres (une polyphonie corse, une chanteuse libanaise et un flûtiste japonais).
Rare que le langage corporel me parle autant. Mais là : l'histoire de toute la vie, construire et déconstruire, faire et défaire.
Touchant et riche.

16 avril 2012

"Beauté fatale".

C'est le titre d'un livre de Mona Chollet, le premier que je lis d'elle, et qui me frappe par la richesse de ses informations et par sa capacité à mettre en évidence la tyrannie de l'apparence chez les femmes. L'énergie mobilisée par le souci de plaire et de donner une image conforme à celle attendue par la société n'est pas utilisée ailleurs, pas utilisée dans le domaine des idées, de la réflexion, bref, à la marche du monde.

12 novembre 2011

L'inspiration.

"Il me faut un point de départ, ne serait-ce qu'un grain de poussière ou un éclat de lumière. Cette forme me procure une série de choses, une chose faisant naître une autre chose. Ainsi un bout de fil peut-il me déclencher un monde." (Miro)

"Mon inspiration peut venir de n'importe quoi : un livre, un film, un tableau, une conversation, une phrase entendue. Après je prends des livres, je les regarde, je trouve des choses, je fais une synthèse et je construis mon histoire. L'idée de base est souvent un éclair, un flash." (Hugo Pratt)

9 juillet 2011

A méditer.

"Nous ne savions pas que nous vivions ici, dans cet immeuble mal isolé mal insonorisé mal foutu, dans cette banlieue quelconque et donc merdique parmi toutes les banlieues quelconques et merdiques, les plus belles années de notre vie, nous n'avions pas idée que c'était là, dans nos soixante mètres carrés, avec nos deux enfants dans la même chambre, qui cohabitaient avec des lits superposés et un volet qui fermait mal, oui c'était là que nous étions au plus doux de notre parcours, mais comme nous l'ignorions, nous n'avons profité de rien, nous nous sommes contentés de nous plaindre, de nous inventer des souffrances que nous croyions réelles, nous avons gâché ce qui ne reviendra peut-être pas. Aujourd'hui que j'ai compris cela, je ne sais comment me pardonner, comment accepter d'avoir ainsi dilapidé ce qui était précieux. Mais nous imaginions que la vie se déroulait selon une ligne droite et que l'avenir serait forcément meilleur, nous pensions que la vie s'améliorait au fur et à mesure, c'est ce que nous observions autour de nous, chacun attendait ce qui allait le libérer, nous pensions que le bonheur était une conquête, une promesse, qu'il arrivait après une suite d'empêchements, après une série d'obstacles, une succession d'espoirs. Il manquait au départ toujours quelque chose, il manquait une voiture, un diplôme, un amour, un enfant, un appartement, un travail, un jardin, il manquait de l'argent, la vie n'était que manque mais le temps allait tout résoudre, allait tout construire, tout simplifier."

Brigitte Giraud, Pas d'inquiétude

8 juillet 2011

Photographie.

"La photo identifie les événements. Elle exalte les faits et les rend mémorables." (Susan Sontag)

"On a parfois l'impression que les photos ne servent à rien. Il faut les faire quand même." (Jane Evelyn Atwood)

2 juin 2011

Peau d'âne.

Moi qui pensais détester les films musicaux, je me suis laissée charmer par Peau d'âne (1970) de Jacques Demy. Il faut dire que je m'étais pas mal ennuyée devant les 2h15 de Mary Poppins (1964) - vu en français, ce qui n'a pas dû arranger les choses...- et j'étais donc plus que préparée!
Couleurs vives éblouissantes : formidables, les chevaux rouges! Les robes que le roi fait fabriquer pour sa fille sont une idée très poétique : la robe couleur du temps, la robe couleur de lune, la robe couleur du soleil! Et le résultat a presque réveillé en moi un goût des beaux chiffons...
J'ai aimé le contraste entre l'amour inconditionnel de la princesse pour son père (qu'elle serait prête à épouser, "il est si gentil!" se désole Catherine Deneuve...) et l'impertinence spirituelle de sa marraine (pétillante Delphine Seyrig).
Les quelques anachronismes (les piles, l'hélicoptère) sont amusants sans être lourds.

26 décembre 2010

Imre Kertész

"Je ne documente jamais, j'interprète toujours avec mes images. C'est la grande différence entre moi et beaucoup d'autres. (...) J'interprète ce que je ressens à un moment donné. Pas ce que je vois, mais ce que je ressens."

"Je me considère toujours comme un amateur aujourd'hui, et j'espère que je le resterai jusqu'à la fin de ma vie. Car je suis éternellement un débutant qui découvre le monde encore et encore."

"Ma photographie est vraiment un journal intime visuel. (...) C'est un outil, pour donner une expression à ma vie, pour décrire ma vie, tout comme des poètes ou des écrivains décrivent les expériences qu'ils ont vécues. C'était une façon de projeter les choses que j'avais trouvées."

21 décembre 2010

Irène Nemirovsky.

"Si le bonheur n'existe pas, il y en a du moins une contrefaçon assez exacte ici-bas -créer; créer de la vie ou de l'art, peu importe, créer est un plaisir plus qu'humain, créer est le passe-temps des dieux..." (Carnet de notes, 1920)

10 novembre 2010

Raymond Depardon.

"J'étais un gosse, soi disant reporter, qui voulait changer le monde sous prétexte de témoigner."
"Le photographe est plus metteur en scène que témoin véritable."
"Je ne photographie pas les hommes mais les traces qu'ils laissent sur le territoire."