Livrons-nous

Avec l'envie de faire de la place aux mots...

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24 octobre 2014

Je marche dans la nuit par un chemin mauvais d'Ahmed Madani.

Pièce de théâtre.
Bel échange entre le petit-fils et le grand-père, dans un texte d'abord violent et sous le sceau de l'incompréhension, puis complice et assez touchant.

Uniques de Dominique Paravel.

Quelques passages réussis sur la modernité et sa folie consumériste ou tristement et faussement intellectuelle, mais un ensemble qui manque d'intrigue.

14 septembre 2014

Une demi-douzaine d'elles d'Anne Baraou et Fanny Dalle-Rive.

Des portraits de femmes de tous âges et de toutes conditions. Léger et profond.

31 août 2014

La ligne des glaces d'Emmanuel Ruben.

J'aime le ton et la réflexion sur la notion de frontière, entre voyage réel et imaginaire.

16 août 2014

La boîte aux lettres du cimetière de Serge Pey.

J'entends la voix de Serge Pey en lisant ce livre : son lyrisme affirmé, porté par son ancrage dans la terre.

12 août 2014

Ne deviens jamais vieux ! de Daniel Friedman.

Très prenant, bien traduit. Le personnage principal, un ancien flic qui se retrouve à traquer un ancien nazi, a un sens de la dérision assez savoureux.

7 août 2014

La concentration.

Christophe André pratique personnellement et guide des patients dans l'exercice de la méditation, à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris : c'est ce qui m'a intéressée dans ce livre, Sérénité. Il dit commencer chaque journée par dix à vingt minutes de méditation. Il parle de l'importance de faire les choses en toute conscience.



Je mettrais ce livre en relation avec un autre livre lu au début de l'été, Comment rester concentré dans un monde numérique. Le piège de la distraction de Frances Booth. L'idée du livre est de retrouver une bonne mémoire et de conserver son énergie pour les tâches qui tiennent vraiment à coeur.

Moi, Anthony, 27 ans, ouvrier.

Livre publié dans la collection "Raconter la vie", au Seuil.
Il s'agit du parcours de ce jeune homme, de sa sortie de l'école après le collège aux différents emplois qu'il a eus dans le domaine de la logistique.
J'aime lire ces récits de vie, observer comment chacun, aussi dans des milieux sociaux éloignés du mien, se débrouille pour vivre, pour être heureux, ou pas. Ce que ça veut dire que d'avoir des projets dans la vie, ce qu'on peut mettre en place pour y parvenir, avec détermination.

Palladium de Boris Razon.

L'histoire d'une infection (aux causes mal identifiées) qui a paralysé et enfermé l'auteur dans son corps.
Le livre est rythmé par les rapports des médecins, des infirmiers, contenant un bulletin de santé, des résultats d'analyses. Lecture qui happe et angoisse aussi.


1 août 2014

En finir avec Eddy Bellegueule d'Edouard Louis.

Une claque ! Violence assumée et tenue, une leçon autobiographique.
La culture comme facteur de distinction sociale.

Comment j'ai appris à lire d'Agnès Desarthe.

Très beaux passages sur le lien entre le refus initial de la lecture et le discours, alors qu'elle était enfant, de son père, évoquant l'intraduisible beauté de la langue arabe.
Lien entre la lecture, la culture et le terroir, le fait d'être ancré dans un territoire, la France.

Le baiser, peut-être de Belinda Cannone.

Belinda Cannone est professeure de Lettres à l'université. Esprit brillant, qui m'avait éblouie lors d'une émission sur France Culture consacrée à la bêtise.
Ce livre est enlevé, audacieux, coquin parfois.

Lumières de Pointe-Noire d'Alain Mabanckou.

Autobiographie d'Alain Mabanckou qui revient dans son village natal du Congo, et qui revient par là-même sur un mensonge qui avait parcouru tous ses livres précédents : la mort de sa mère.

Oublier la littérature ? de Yves Le Pestipon.

Mélange de profondeur et de légèreté.
Le livre d'un amoureux : la plus grande qualité qui soit.

Rien ne s'oppose à la nuit de Delphine de Vigan.

Style pas intéressant mais remarques sur le projet autobiographique autour de la famille pertinentes : dimension d'enquête, difficulté à ne pas froisser les susceptibilités, recherche de vérité.

28 juillet 2014

L'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera.

''Il semble qu'il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu'on pourrait appeler la mémoire poétique et qui enregistre ce qui nous a charmés, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté. (...)
L'amour commence par une métaphore. Autrement dit: l'amour commence à l'instant où une femme s'inscrit par une parole dans notre mémoire poétique.''

25 mars 2014

Kaddish pour un orphelin célèbre et un matelot inconnu d'Emmanuel Ruben.

Je n'ai pas pu résister en rentrant chez moi ce soir-là, malgré l'heure tardive, au fait de commencer ce livre qui m’intriguait par son titre à rallonge : j'ai tout de suite aimé et l'ai repris dès mon lever le lendemain matin. Quoi qu’on puisse dire ensuite des éventuels défauts de style ou de structure d’un livre, c’est le critère essentiel : le plaisir du lecteur ! Et ici, le ton et l’organisation en brefs chapitres ne déçoivent pas.

J'aime beaucoup l'écriture, la sensibilité, le questionnement qui habite chaque page. C’est un texte autobiographique dans lequel le narrateur rend hommage à son grand-père, le matelot inconnu, en le mettant sans cesse en parallèle avec la figure tutélaire d’Albert Camus, l’orphelin célèbre. L’écriture est recherchée, sans jamais être précieuse, et traque au plus près la justesse du souvenir, le bon mot pour interroger les identités familiales. Ce kaddish, la prière des morts, dans le judaïsme, n’est jamais funèbre, mais toujours chaud et généreux, comme dans les textes courts les plus ensoleillés de Camus.

« Ecrire, c’est s’attacher à l’ombre, assumer ses échecs, se vouer à l’obscur » (p. 79). Emmanuel Ruben parvient pourtant dans son deuxième roman à mettre en lumière son grand-père de façon juste, sans pathos ni concession, grâce à une écriture précise et prenante, qui fait dévorer son livre d’une seule traite. En refermant son récit, on a envie de relire Camus, et aussi de reparcourir les plus beaux passages de son premier roman, Halte à Yalta, paru en 2010 chez JBz &Cie, qui célébrait déjà le bric-à-brac de la mémoire.

24 octobre 2013

Viviane Elisabeth Fauville de Julia Deck.

Un début très prometteur, avec un jeu sur les points de vue et les instances narratives, mais le retournement final m'a déçue.

1 août 2012

Identité.

"pourquoi racontons-nous ces histoires ?

que sommes-nous venus chercher ici ?

que sommes-nous venus demander ?

loin de nous dans le temps et dans l’espace, ce lieu
fait pour nous partie d’une mémoire potentielle,
d’une autobiographie probable.
nos parents ou nos grands-parents auraient pu s’y trouver
le hasard, le plus souvent, a fait qu’ils sont ou
ne sont pas restés en Pologne, ou se sont arrêtés,
en chemin en Allemagne,
en Autriche, en Angleterre ou en France.

ce destin commun n’a pas pris pour chacun de nous la
même figure :

ce que moi, Georges Perec, je suis venu questionner ici,
c’est l’errance, la dispersion, la diaspora.
Ellis Island est pour moi le lieu même de l’exil, c’est-à-dire
le lieu de l’absence de lieu, le non-lieu, le
nulle part.
c’est en ce sens que ces images me concernent, me
fascinent, m’impliquent,
comme si la recherche de mon identité
passait par l’appropriation de ce lieu-dépotoir
où des fonctionnaires harassés baptisaient des
Américains à la pelle.
ce qui pour moi se trouve ici
ce ne sont en rien des repères, des racines ou des
traces,
mais le contraire : quelque chose d’informe, à la
limite du dicible,
quelque chose que je peux nommer clôture, ou scission,
ou coupure,
et qui est pour moi très intimement et très confusément
lié au fait même d’être juif

je ne sais pas très précisément ce que c’est
qu’être juif
ce que ça me fait que d’être juif

c’est une évidence, si l’on veut, mais une évidence
médiocre, qui ne me rattache à rien ;
ce n’est pas un signe d’appartenance,
ce n’est pas lié à une croyance, à une religion, à une
pratique, à un folklore, à une langue ;
ce serait plutôt un silence, une absence, une question,
une mise en question, un flottement, une inquiétude :

une certitude inquiète,
derrière laquelle se profile une autre certitude,
abstraite, lourde, insupportable :
celle d’avoir été désigné comme juif,
et parce que juif victime,
et de ne devoir la vie qu’au hasard et à l’exil

j’aurais pu naître, comme des cousins proches ou
lointains, à Haïfa, à Baltimore, à Vancouver
j’aurais pu être argentin, australien, anglais ou
suédois
mais dans l’éventail à peu près illimité de ces
possibles,
une seule chose m’était précisément interdite :
celle de naître dans le pays de mes ancêtres,
à Lubartow ou à Varsovie,
et d’y grandir dans la continuité d’une tradition,
d’une langue, d’une communauté.

Quelque part, je suis étranger par rapport à quelque
chose de moi-même ;
quelque part, je suis « différent », mais non pas
différent des autres, différent des « miens » : je
ne parle pas la langue que mes parents parlèrent,
je ne partage aucun des souvenirs qu’ils purent
avoir, quelque chose qui était à eux, qui faisait
qu’ils étaient eux, leur histoire, leur culture,
leur espoir, ne m’a pas été transmis.

Je n’ai pas le sentiment d’avoir oublié,
mais celui de n’avoir jamais pu apprendre ;
c’est en cela que ma démarche est différente de celle
de Robert Bober :

être juif, pour lui, c’est continuer à s’insérer
dans une tradition, une langue, une culture, une
communauté que ni les siècles de la diaspora ni
le génocide systématique de la « solution finale »
n’ont réussi à définitivement broyer ;

être juif, pour lui, c’est avoir reçu, pour le transmettre
à son tour, tout un ensemble de coutumes, de
manières de manger, de danser, de chanter, des mots,
des goûts, des habitudes,

et c’est surtout avoir le sentiment de partager ces
gestes et ces rites avec d’autres, au-delà des
frontières et des nationalités, partager ces choses
devenues racines, tout en sachant à chaque instant
qu’elles sont en même temps fragiles et essentielles,
menacées par le temps et par les hommes :

fragments d’oubli et de mémoire, gestes que l’on retrouve
sans les avoir jamais vraiment appris, mots qui reviennent,
souvenirs de berceuses,

photographies précieusement conservées :
signes d’appartenance sur lesquels se fonde son
enracinement dans l’Histoire, sur lesquels se forge
son identité, c’est-à-dire ce qui fait qu’il est à
la fois lui et identique à l’autre."

Récits d’Ellis Island, histoires d’errance et d’espoir, Georges Perec et Robert Bober.

Extrait de la deuxième partie, « Description d’un chemin », écrite par Perec.

18 juillet 2012

Puz/zle.

Un spectacle de danse du chorégraphe anversois Sidi Larbi Cherkaoui.
Festival d'Avignon, dans la carrière de Boulbon.
Une façon de croiser les disciplines, la danse et la musique, et au sein de la musique les genres (une polyphonie corse, une chanteuse libanaise et un flûtiste japonais).
Rare que le langage corporel me parle autant. Mais là : l'histoire de toute la vie, construire et déconstruire, faire et défaire.
Touchant et riche.

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