Livrons-nous

Avec l'envie de faire de la place aux mots...

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6 mai 2010

Bon à tirer.

"Un bon à tirer c'est un bon livre qu'il faut lire."

20 avril 2010

La vie.

"Une suite de choses imprévues, ça s'appelle la vie."

20 mars 2010

Club lecture n°16.

Livre proposé par Marie et Muriel. Soirée chez Valérie et Christophe.

Ulysse et L'Exode, deux recueils de poèmes regroupés dans Le mal des fantômes de Benjamin Fondane.

Hier dans la nuit je suis rentrée chargée de vos émotions et de vos remarques. Je les avais placées dans une petite valise, celle de nos voix les plus intimes, de nos réactions vives, à vif, à la parole poétique. Ce matin, elles ont surgi dans le désordre d'un brouillard.

Ce voyage dans les flots m'a donné le mal de mer

Je suis resté sur la rive, mon coeur n'a pas aimé ce lyrisme

J'ai plutôt navigué dans la langue du recueil "Le mal des fantômes" et j'ai cru lire de la poésie du XVIème siècle

J'ai aimé profondément cette parole naïve et universelle

Rimbaud est caché ici, et encore ici, dans l'aube, comme dans la soif, la quête...

D'abord rebuté, j'ai finalement été touché par cette parole

Combien est émouvant ce cri!

Du mystère des poèmes alphabétiques qui ouvrent et ferment le recueil de L'Exode, je voulais enfin vous dire un mot : cette idée vient des "psaumes alphabétiques", qui suggèrent une idée de plénitude et de totalité. Le procédé consiste à écrire pour un poème autant de vers, de distiques ou de strophes qu'il y a de lettres dans l'alphabet hébreu, l'ordre des lettres étant respecté; Fondane se contente de faire précéder chaque strophe d'une lettre de l'alphabet hébreu transcrite en caractères latins : aleph, beth, gimmel, daleth... (source : Benjamin Fondane ou le Périple d'Ulysse de Monique Jutrin)

"Ouvrons les yeux : la poésie est un "besoin", et non pas une jouissance, un acte et non un délassement. (...) Quand nous écoutons une oeuvre d'art (...) nous redressons un équilibre tordu, nous affirmons ce que tout le long de la journée, nous avons honteusement nié : la pleine réalité de nos actes, de notre espoir, de notre liberté, l'obscure certitude que l'existence a un sens, un axe, un répondant." (Benjamin Fondane, Faux traité d'esthétique)

22 février 2010

Les livres de Nicolas.

Difficile de dire à quel âge on commence vraiment la lecture. A trois ans, quand on déchiffre ses premiers mots écrits avec des aimants sur le frigo? La première fois qu'on lit un livre en entier sans l'aide de sa maman, ou peut-être quand on finit son premier livre sans image. D'autre pensent que c'est quand on lit son premier grand auteur. Finalement, chacun a sa petite histoire.

La mienne commence par un livre pour enfant dont les pages n'ont pas su résister à l'usure du temps. Ses pages ne sont pas faites pour être tournées autant de fois. Cet ouvrage intitulé « Salambo le petit noir », qui m'a été lu maintes fois par ma maman avant que je ne puisse le lire moi-même, raconte l'histoire d'un enfant noir qui fait des cauchemars, effrayé par des légendes africaines que lui ont raconté les adultes. Ce livre je l'ai relu indéfiniment jusqu'à ce que j'aie l'âge d'aller à la grande école.

En CP, au grand désespoir de mes instituteurs, j'étais le seul élève de la classe à déjà savoir lire. J'ai alors entamé une collection que tout le monde connaît et qui a fait le bonheur des enfants de plusieurs générations : "La saga des monsieur et madame". De monsieur heureux à monsieur grand en passant par monsieur lent, monsieur sale et monsieur Atchoum, j'ai vite eu une collection conséquente. Ma mère garde encore gravée cette image d'un petit enfant de 6 ans assis sur le banc de la piscine en train de faire la lecture à ses petits camarades.

J'étais prêt pour passer à l'étape suivante. Assez vite ma mère m'acheta mes premiers livres sans images. Ce fut d'abord « Oui Oui » puis très vite d'autres sagas de la bibliothèque rose.

C'est alors que je découvris Mickey, mais pas à la télé ou Jean-Pierre Foucault me paraissait déjà aussi haïssable qu'aujourd'hui avec ses millions. D'autant qu'il essayait de s'installer à la place de Dorothée et Corbier qui étaient mes idoles du PAF de l'époque.

Je découvris Mickey disais-je donc, avant que ma mémoire ne m'entraîne dans des allusions télévisuelles à une époque désormais révolue, longues au point d'en oublier le début de ma phrase. Les variantes des aventures de la plus célèbre des petites souris étaient à l'époque encore plus nombreuses que maintenant. Encouragé par ma mère, qui avait compris que toutes ces lectures, à défaut de bagage culturel, constituaient un souvenir plaisant qui me donnerait l'envie d'y retourner par la suite, je ne manquais pas un numéro de « Mickey parade » ou de « Picsou magazine ».

Pif rentra chez moi par l'intermédiaire d'un ami de mes parents qui leur fit don de l'intégralité de la bibliothèque de ses deux fils devenus grands. Des centaines de numéros de Pif poche vinrent instantanément compléter ma collection, réunissant ainsi sur la même étagère la souris capitaliste et le chien communiste.

J'entamai donc bien vite ces nouvelles lectures mises à ma disposition et il me fallut assez peu de temps pour les achever. Je me mis alors à lire tout ce qui me passait sous la main, avec l'idée de pouvoir écrire un jour « j'ai lu tous les livres », sans douter une seule seconde que ce fut possible. J'attaquais la bibliothèque de mon père. Il y avait là, dans un ordre complètement aléatoire : des livres d'histoire, d'aventure, des récits de voyages, du Pagnol. Je lisais tout sans discrimination, comme quelqu'un qui entreprend de lire l'encyclopédie dans l'ordre alphabétique.

Je fus très marqué par Jules Verne, au point que ma mère m'acheta plusieurs romans d'aventure pour compléter ma bibliothèque qui croulait déjà sous les BDs.

Ensuite vint le temps du collège et de ses traditionnelles fiches de lectures. Ma prof de français était formidable. Une dame un peu âgée, mais pleine de pêche et d'enthousiasme. C'était surtout quelqu'un qui avait compris que le français et la littérature, ce n'est pas forcément chiant.

Le principe de la fiche de lecture était très motivant : Il fallait lire un livre chaque trimestre et faire un dossier d'une vingtaine de pages. C'était à la fois une occasion de diversifier ses lectures et un moyen de travailler son esprit d'analyse et son expression. Je profitais de cette aubaine pour redécouvrir mes auteurs. Je lus « De la terre à la lune » de Jules Verne, puis la trilogie marseillaise de Pagnol. Je découvris aussi de nouveaux auteurs. Roger Frison-Roche m'apprit comment on vivait au temps de la Résistance. Dumas me transforma en mousquetaire du roi, tandis que Zola m'emmena dans les mines et me fit participer à la révolte sociale des mineurs. "Germinal" me laissa littéralement scotché à mon fauteuil et c'est marqué par cette bonne impression que je décidais d'entamer "le cycle" Zola. La lecture de « La fortune des Rougon Macquart » suffit à me démotiver.

Sautant du coq à l'âne, comme à mon habitude, je me jetai sur les livres de « La guerre des étoiles ». Je lus les trois trilogies. La moins intéressante étant à mon goût celle qui inspira les films. Il y a eu ensuite un trou de plusieurs années dans mes lectures. La télé, les jeux vidéos associés à la prépa et à un enseignement rétrograde de la langue. Le tout servi par un programme inspiré par une seule doctrine : « Le français c'est chiant ».

Ainsi, la lecture forcée de Rabelais, Kant, Homère et Shakespeare, le tout associé à un apprentissage se résumant au par coeur ont suffi à me faire attraper des petit boutons à la vue de ce qui ressemblait de près ou de loin à un livre. Seuls "Bouvard et Pécuchet" de Flaubert parvinrent un temps à me réconcilier avec la lecture.

Ensuite, il y a eu l'école, les jeux de rôle, le bar, les soirées, la guitare, la vie étudiante quoi... C'est en troisième année que je repris contact avec les livres. Je venais de rejoindre le club théâtre. Je commençais par l'intégrale de Desproges, à la recherche de textes à jouer. Peu après, un club littérature apparut dans l'ombre à l'école. Le principe était juste de faire partager des extraits choisis de ses lectures pour donner envie aux autres de les découvrir. Une amie, fondatrice de ce club, m'ouvrit sa bibliothèque de théâtre : je lus du Molière, du Marivaux, du Cocteau et surtout je lus « Cyrano » de Rostand qui reste pour moi le chef-d'oeuvre de la littérature théâtrale.

J'achetais ensuite des Pléiade. Maupassant d'abord, puis Hugo ensuite. Aujourd'hui, je lis beaucoup de théâtre, parfois même en VO. J'ai une préférence pour les gros livres regroupant plusieurs oeuvres, ça permet de mieux s'imprégner de l'auteur et de suivre son évolution.

Le club lecture est pour moi une manière d'élargir mon champ de vision. J'ai assez peu eu l'occasion de lire des auteurs contemporains et je profite de vos conseils avisés pour choisir mes auteurs contemporains, alors que je choisis moi-même mes classiques.

Nicolas

6 février 2010

Club lecture n°15.

Livre proposé par Valérie. Soirée chez Muriel et Sabry.

Salina, Laurent Gaudé.

PERSONNAGES
Sabry, chef de la tribu du Tour de Table
Muriel, femme de Sabry, descendante de la tribu de la Transmission par le Livre
Robin, défenseur du Goût culturel et fromager
Christophe, homme de la Nuance et de la Parole apaisée
Valérie, femme de Christophe, Lectrice infatigable
Pascal, Force tranquille
Marie, femme de Pascal, Celle qui démonte les rouages des livres
Pascale, Celle à qui on ne la fait pas
Maëva, Analyste discrète et enthousiaste
Nicolas, diffuseur de la Parole Théâtrale
Monia, femme de Nicolas, Nouvelle venue dans la tribu

                           le récit de Muriel


Ils ont parlé, chacun à leur tour.
Ils ont dit la beauté de la langue, la force du conte africain mêlée
A l'implacable puissance de la tragédie antique.
Ils ont pu aimer la démesure, l'outrance, la limpidité des mots
Ou les critiquer, car le lecteur anticipe chaque événement
Si ce n'est le geste final d'Alika, qui donne vie à celle qui en a été privée
Et qui ramènera peut-être Salina et son inévitable révolte
Au sein de la cité.

''SALINA. Tu étais sur ma route, vieille mère. Cela est sacré.
KHAYA DJIMBA. Je ne suis pour toi qu'une vieille femme encombrante.
SALINA. Ne dis pas cela. Toi aussi tu as étanché ma soif.
KHAYA DJIMBA. Quelle soif ?
SALINA. Le flot léger des mots qui coule de ma bouche s'était tari depuis longtemps.
KHAYA DJIMBA. Alors parle, ma fille, parle jusqu'à ce que tu n'aies plus soif."

Ils ont voulu se revoir pour parler d'un autre livre.
Et pourquoi ne pas laisser la parole poétique nous charmer ?
Marie elle aussi a pensé aux mots de Benjamin Fondane : "Le mal des fantômes", édité chez Verdier Poche.
Cet ouvrage regroupe cinq livres de poèmes, je propose de préciser bientôt lesquels nous lisons tous, quand j'aurai le texte en main...
Et si nous nous retrouvions au printemps ? Le samedi 20 mars ?

7 janvier 2010

L'Astrée.

Mon maître en littérature et en légèretés profondes a aussi son site, volez-y : L'Astrée

11 décembre 2009

Club lecture n°14.

Livre proposé par Sabry. Soirée chez Jean-Marc.

La route, Cormac McCarthy.

17 novembre 2009

Si près d'elle (tentative).

Tu dis que tu es toujours mélancolique. Je me demande bien pourquoi. Quelle est la cause de ces tristesses ? Quand je te pose la question, tu ne réponds pas, ou tu dis que tu ne sais pas. Tu te comportes dans ces moments-là comme une enfant. Et cela me fait sourire ! Tu n’es jamais aussi vulnérable que lorsque tu es questionnée sur ta mélancolie.

On pourrait presque penser que tu recherches ces instants de fragilité pour avoir le bonheur d’être interrogée sur toi-même…

Et moi qui raisonne ! Comme si j’en étais capable face à toi.

Et par une simple moue, tu me désarçonnes. J’en perds les mots et je me mets à sourire bêtement, niaisement. Est-ce que je perds alors tout mon charme auprès de toi ?

Mélancolique, ton corps semble pencher, comme malgré lui, vers la noirceur de la terre. Le ciel, un instant, a disparu du paysage.

Saurai-je te deviner un jour ?




***

Vous ne rêvez, Princesse, que d’envolées lyriques et de clichés merveilleux. Vous voulez l’impossible : une fin heureuse à Belle du Seigneur, et vous en êtes l’héroïne, cela va de soi. La passion amoureuse sans ses travers et ses ridicules. L’absolu sans le burlesque.


***

Tu joues sans jouer. Tu parles sans dire. Tu aimes te tenir sur le fil, entre don de toi et cache-cache permanent.

Tu veux l’absolu avec les nuances de l’hésitation. Tu veux l’énergie de l’enthousiasme avec les charmes du doute.

Tu es celle que je ne pourrai jamais perdre ni posséder.

C’est avec toi que les mots les plus lumineux arrivent. C’est aussi avec toi que toute tentative d’expression disparaît.

Toutes mes esquisses échouent à te dire, et tu sembles en retirer une certaine fierté.

Moi, le marathonien des mots, le fou des lettres amoureuses, saurai-je jamais te dire ? Clamées à des visages étrangers, mes paroles séduisent. Pourquoi ne semblent-elles jamais te révéler ?


***

Elle nous nargue. C’est pas possible autrement. Elle croit quoi, d’abord ? Qu’on est jaloux d’elle ?

Moi j’en peux plus de ces petites remarques acides à la con. On comprend jamais ce qu’elle veut dire, d’abord. On dirait qu’y en a que pour elle. Elle, elle, elle. Pfff !


***

Si tu me l’avais dit, si je l’avais su… Pour toi, pas de regret. Tu roules à tombeau ouvert, et chantes à tue-tête. Enfin, il te semble que l’ivresse et la liberté sont là. Si ce n’est qu’un leurre, tu ne veux pas le savoir. Tu couvres de ton chant toute brèche.


***

10 octobre 2009

Club lecture n°13 (par Sabry).

Livre proposé par Valérie. Soirée chez Muriel et Sabry.

Les armes secrètes, Julio Cortazar.

Vergniaud Cortazar Arma Secreta

C'est à la conjonction d'une pendaison de crémaillère et d'un club lecture que je dois la découverte des "armes secrètes". Le fait se produisit il y a quelques mois. Nous étions quelques-uns à diner chez les K ce soir-là et nous étions censés polémiquer longuement sur ces textes prétendant réveler la face démesurée, sublime ou horripilante du quotidien, ce recueil étant réputé être un livre qui hante et bouleverse. Nous découvrîmes dès le début que cet ouvrage avait quelque chose de monstrueux. Dès son arrivée J-M nous fit remarquer une réalité atroce : nous n'avions pas tous lu le même livre, il en existait d'abominables multiples. Chez le même éditeur, dans la même collection, sous une même couverture et, suprême hérésie, sous un même ISBN coexistaient différentes versions dont le nombre de nouvelles pouvait varier du simple au triple ! Je me mis à feuilleter les différents exemplaires et j'éprouvais un vertige étonné et léger que je ne décrirai pas, parce qu'il ne s'agit pas de l'histoire de mes émotions, mais de Cortazar, de Vergniaud, d'armes et de secrets. De club lecture il ne fut plus question ce soir-là, une certaine gêne s'était emparée des participants, heureusement bien vite dissipée par les victuailles et libations de la pendaison de crémaillère. Je mets fin ici à la partie personnelle de mon récit. Le reste est dans la mémoire (si ce n'est dans l'espoir ou la frayeur) de tous les participants.

23 septembre 2009

Nourriture.

"Quand je peux pas accéder à la nourriture, je m'énerve."

24 juillet 2009

Lenteur.

"Je traîne pas, je fais les choses lentement, c'est pas pareil."

1 mai 2009

Club lecture n°12 (par Nicolas).

Livre proposé par Sabry. Soirée chez Muriel et Sabry.

Mémoires de porc-épic, Alain Mabanckou.

Cher Baobab,

si je me suis rendu en ce vendredi 1er mai chez Sabry et Muriel, c'est avant tout pour profiter d'un dîner entre amis, le club lecture constituant aussi pour moi une occasion de revoir des personnes que je n'aurais pas forcément l'occasion de rencontrer sinon; alors bien sûr, je connaissais ton histoire, ou plutôt devrais-je dire l'une des nombreuses histoires qu'on a dû te raconter au cours de ta longue et contemplative existence

tout a commencé dans cette petite rue du XIVème, loin là-bas dans la ville où les baobabs font place aux immeubles; chacun avait passé sa journée à ses occupations : manifestations pour la plupart, repos pour certains et ménage pour moi qui avais tenté de remettre de l'ordre dans un appartement qui en avait bien besoin

j'arrivais un peu en retard, mais on m'excusa bien vite pour entamer l'entrée que Muriel nous avait préparée; nous étions 7, en plus de Sabry et Muriel, il y avait Stéphane, Jean Marc, Valérie et Christophe et bien sûr cher baobab, ton serviteur qui sinon ne serait pas là pour te conter cette histoire

Dès que les assiettes furent remplies, tu devins le centre de la conversation; comme le veut maintenant la tradition, on commença par un tour de table; personne ne fut vraiment gêné par l'absence de points dans le livre, les avis (y compris celui de Jean Marc) étaient positifs, même si Stéphane et moi avions eu un peu de mal à rentrer dans le récit dès les premières pages; la faute sans doute à un esprit un peu trop cartésien; Sabry, lui, évoqua une lecture ludique et très agréable, ce à quoi personne ne trouva à redire

on se demanda si cette histoire était un conte, mais l'hypothèse fut rejetée, le narrateur étant lui-même un des personnages de l'histoire; on évoqua ensuite des allusions à la littérature, avec Moby Dick notamment, Jean Marc cita un passage où le Porc épic s'attaque directement à l'auteur en en faisant une critique très négative; Sabry fit alors allusion à la littérature fantastique, ce qui nous amena à nous pencher sur un autre axe de ton récit

un des aspects essentiels de la littérature fantastique est le fait que le surnaturel fait partie intégrante des faits; mais peut-on vraiment parler de surnaturel dans cette histoire où les évènements sont tout à fait normaux pour les gens qui les vivent et qui les racontent

Il y eut ensuite une brève bifurcation vers Wolverine au cours de laquelle Sabry nous expliqua avec brio la différence entre Marvel et DC Comics, justifiant le fait que Batman et Spiderman ne se rencontreraient jamais (ce fut pour moi le premier choc de la soirée)

c'est par la suite que les évènement tournèrent au surnaturel; tu dois comprendre cher baobab que dans nos sociétés occidentales la magie ne fait pas partie du quotidien et que sa moindre manifestation peut s'avérer troublante : On en vint ensuite à parler de la guerre des étoiles, Valérie insista sur l'aspect manichéen du noir et du blanc à mettre en parallèle avec les couleurs de Dark Vador et des forces de l'empire; Stéphane fit ensuite une allusion à un philosophe selon lequel la force obscure serait une référence à la foi catholique

je sais que toutes ces histoire peuvent te paraître bien futiles cher baobab, mais il me faut passer par là pour t'amener à l'évènement qui fit passer la soirée dans le surnaturel; pour illustrer son discours, Sabry a décidé de nous faire une démonstration de sabre LASER, il a donc attrapé un sabre sur une armoire qu'il a dégainé devant nos yeux ébahis.

Au premier mouvement, le sabre se brisa dans ses mains. Quelle force maléfique pouvait bien être à l'œuvre? Le sabre était sans nul doute envoûté, mais il faut une magie très puissante pour briser un sabre. Qui pouvait être à l'origine de cette malédiction? À l' heure où je te parle cher baobab, je n'en ai toujours pas la moindre idée.

On discuta encore un peu boulot puis chacun repartit, encore choqué par l'évènement surnaturel qui venait de se produire. Sabry promit qu'il en rachèterait un, mais le club lecture reste en deuil.

20 mars 2009

Club lecture n°11.

Livre proposé par Muriel. Soirée chez Stéphane.

Le sergent dans la neige, Mario Rigoni Stern.

En ces temps de confusion babélienne, je suis au regret de vous transmettre un étrange compte rendu du club lecture. Il semble qu'un certain Joël Balèze, traducteur de son état, soit venu brouiller les lignes qui suivent. Avec toutes mes excuses.

Ils étaient en sept à parler de l'oeuvre de Mario Rigoni Stern, "Il sergente nella neve". Mais prima di tutto, il y eut une première partie musicale, assurée à la chitarra par Stéphane.
Les tribulations des Alpins au cours de leur retraite de Russie purent ennuyer certains lecteurs, qui avaient lu d'autres témoignages bien plus passionnants sur cette époque.
Camminare.
Tout de même, la scène où Rigoni s'attable avec des Russes et mange sans être dérangé a marqué les esprits. Pour cette seule scène, le livre valait la peine d'être lu. Un moment où les hommes sont des hommes et où la guerre est comme suspendue. "Pour une fois, les circonstances avaient amené des hommes à savoir rester des hommes."
La neve.
Certes c'était bien écrit, avec sobriété et une belle économie de moyens, mais le point de vue adopté pouvait gêner, engendrer un certain malaise : les Italiens n'étaient donc que des gentils, ils n'avaient rien fait de mal, eux, contrairement aux Allemands ?
Chef, on la reverra-t-y, la maison ?
Il fallait saluer la force du style, le jeu des temps (présent / imparfait). Dire l'adéquation entre la situation extrême de ces hommes et la pudeur de l'écriture, sa capacité à dire le drame sans lyrisme, avec une retenue touchante.
Les poux.
Loin de nous ici l'idée de dénoncer un membre du club lecture qui n'aurait pas lu le livre. La délation, pas notre genre! On n'est pas en guerre, quand même...
Insistons plutôt sur la force de ce témoignage, qui dit la faim, le froid, la souffrance, la douleur des camarades qui meurent.
La polenta.
Enjamber un cadavre en rentrant dans une maison, poussé par la faim, et ne réaliser qu'après tout qu'on n'a pas vu un mort. Honte.
Questo è stato il 26 gennaio 1943. I miei più cari amici mi hanno lasciato quel giorno.
"Voici ce qu'a été le 26 janvier 1943. Mes plus chers amis m'ont quitté ce jour-là.'

Basta avec la Seconde Guerre mondiale, ont-ils dit : le prochain livre est proposé par Sabry, c'est "Mémoires de porc-épic" de Alain Mabanckou (Points, 6,50 euros). Nous nous retrouverons pour en parler le vendredi 1er mai, après une durissima giornata di lavoro. Quelqu'un se propose-t-il pour héberger ? Sinon, Sabry et moi pouvons accueillir.

Buona lettura a tutti,
Muriel.

4 mars 2009

Les livres de Christophe.

Merci Pascale, "Les mémoires d'Hadrien" fut une de mes plus belles lectures avec "Les nouvelles orientales". "Les raisins de la colère", super aussi , mais bizarrement je préfère le film. Sinon mes livres, je me garde bien de les re-lire et de vous les conseiller car je les associe à des périodes, des âges.

Tout a commencé en CE1 par un séjour inoubliable dans "L'auberge de l'ange gardien" (j'assume) et Tintin. Puis j'ai pris au collège "Deux ans de vacances" sur une île avec "Dix petits nègres" et six "Dune"(s). Au lycée vint "L'écume des jours" et d'autres Vian/Sullivan. Herman Hesse m'a accompagné pendant les années étudiantes et je vais citer le grandiose "Jeu des perles de verre". J'ai fait ensuite vers 30 ans ma tardive "éducation sentimentale" avec "Madame Bovary" avant de préparer la quarantaine en cherchant "La méthode" d'Edgar Morin.

Christophe

G.O. dans une boîte de Télécom.

Précisément, je suis G.O. dans une boite de télécom!
Gentil parce que je demande aux autres de travailler pour moi sans être leur chef, alors je demande gentiment.
Organisateur, parce qu'avec mes collègues, nous développons une grosse machine qui permet les communications entre villes. Pour cela il faut dire comment les éléments (physiques et logiciels) de cette machine sont organisés pour que cela marche.
Organisateur, parce que ce centre de développement est aussi une grosse machine (humaine) qu'il faut organiser (qui fait quoi et quand) pour que cela marche. Donc j'organise des réunions, des plans de développement...
Je devrais dire que c'est difficile et que je mérite mon salaire mais si on est gentil et organisé c'est plutôt facile. Et si je m'habille plutôt en noir, je ne rêve pas encore d'être un M.A., un méchant anarchiste.

Christophe

25 février 2009

J'attends vos messages

par mail à l'adresse suivante :
muriel_chemouny@yahoo.com
ou en déposant un message ici

Ingénieur d'étude et de production.

Mon métier consiste en la conception de circuits électroniques pour les satellites.
Précisément, cela veut dire qu'on me demande de répondre à un besoin (une spécification) qui vient des futurs utilisateurs à l'aide de mes connaissances en électronique.
Le besoin est assez spécifique parce qu'on n'a pas le droit de réparer un circuit une fois le satellite lancé. Donc la conception s'assortit de nombre d'analyses qui permettent de vérifier que le circuit fonctionnera correctement durant toute la durée de la mission.

Concrètement, on recherche dans les circuits existants si quelque chose répond en partie ou en totalité à la demande. On peut chercher dans l'héritage de la société ou aller chercher ailleurs des idées plus "théoriques" que l'on appliquera ensuite.
Plusieurs phases de vérification viennent accompagner la création d'un circuit :

On fait des simulations à partir d'outils informatiques qui permettent de prévoir le comportement électrique.
On fait des maquettes pour vérifier que la théorie donne les résultats espérés, que nos idées initiales sont bonnes.
On fait des modèles de qualification pour vérifier que la manière dont on le fabrique donnera entière satisfaction. Les tests réalisés sur ce modèle sont drastiques. En température. En vide. En vibration. En choc.
On fait des analyses (des calculs) pour prouver son bon fonctionnement jusqu'à la fin de vie du satellite, en se basant sur les analyses de spécialistes de la thermique, des radiations, de la mécanique, de la fiabilité.
On peut faire des pré-séries pour vérifier que l'organisation de la production correspond au besoin (cadences, qualité, ...).

Lorsqu'un circuit est fabriqué, on organise également la veille technique. On reste présent pour aider si besoin, pour répondre aux questions des gens qui fabriquent. Dans le domaine de l'électronique spatiale, il existe encore une phase de réglage importante. Cela nécessite que l'on écrive des procédures de réglage qui font l'objet, sous notre responsabilité, d'optimisation au contact de la réalité du terrain pour aider à aller plus vite et mieux pour faire moins cher.

On a aussi, mais de manière plus marginale, des actions dites transverses. C'est-à-dire des activités qui ne s'appliquent pas à un circuit en particulier mais à toute une famille, ou à des processus industriels. Nous ne sommes pas responsables de ces activités mais participons aux réunions pour que l'avis du concepteur soit pris en compte lorsqu'on décide de faire évoluer une façon de fabriquer, une technologie, ...

Enfin, nous avons un rôle d'expertise et de présentation vers les clients finaux (ceux qui achètent le circuit ou le système dans lequel le circuit est inclus). Ce sont des étapes importantes du contrat qui nous lie avec eux. De leur côté, ils peuvent vérifier que l'on fait ce que l'on a dit et se rassurer sur notre capacité à répondre à leur demande. Du nôtre, ces étapes déclenchent des paiements après approbation du client.

Les qualités qu'il faut avoir pour exercer ce métier sont d'abord de savoir mettre en application une somme de connaissances à la fois trop importante (on n'utilise pas tout ce que l'on a appris) et insuffisante (on doit continuellement apprendre des choses complémentaires).
La seconde est de rester logique dans notre travail. La plupart des résolutions de problèmes rencontrés proviennent de l'utilisation du simple bon sens, mais basées sur une solide connaissance initiale.
Une autre qualité est la créativité. Pour répondre à une demande nouvelle, il faut aussi savoir jouer avec et tordre les circuits existants pour en faire de nouveaux. On ne parle pas ici de créativité au sens artistique du terme, mais de capacité à inventer quelque chose de nouveau malgré les contraintes nombreuses liées au domaine d'application.
Il est toujours utile d'être organisé car le métier fonctionne souvent sur le mode interruptif. Le téléphone sonne pour une demande urgente alors qu'on était en train d'écrire un mail de réponse tout aussi urgent juste avant d'avoir été interrompu par l'irruption d'un collègue pressé dans notre bureau. Il faudra répondre à tous, au mieux, au plus vite, et passer sans arrêt du coq à l'âne.
Il faut être passionné par la technique. Disons-le très clairement : la technique ne paie pas. Si vous voulez gagner plus, passez votre chemin. Il est souvent frustrant de voir des personnes au bagage technique faible mais ayant choisi d'autres voies monter plus vite dans les strates hiérarchiques. Donc il faut aimer résoudre les puzzles que l'on vous propose.



Il y a des hauts et des bas. On peut sortir fier d'avoir fait un tour de force que vos collègues ne pensaient pas réalisable. On peut sortir fier d'une réunion avec un client qui admet qu'il n'a pas trouvé mieux ailleurs dans le monde (même si on est trop cher, trop lent, trop lourd, trop...). Et la principale fierté est de savoir que des circuits à vous marchent dans des satellites utilisés en ce moment en orbite, dans des conditions extrêmes.
Mais il y a aussi les jours de doute. Les retours d'expérience négatifs. Les discussions tendues avec des contradicteurs. Les progressions de carrière inégales.
Et toujours la question de savoir si on est fait pour ce métier. La difficile adéquation entre toutes les aspirations que l'on a et la confrontation avec la réalité où le compromis domine.
Lorsque les moyens de l'entreprise sont en jeu, la pression se fait toujours plus forte. Ce n'est pas vraiment un problème dans mon cas. J'ai tendance à ne pas paniquer. Mais il est souvent lourd qu'une hiérarchie en proie aux doutes viennent ajouter à la pression. Il peut y avoir aussi des collègues qui ne "jouent pas collectif". Les entreprises du spatial sont de grosses bureaucraties. Comme dans toute société humaine, les jolies règles telles que l'avancement au mérite ne résiste pas longtemps devant le copinage et les politiques de réseau. C'est un gros facteur de découragement. J'ai souvent envie d'exercer un autre métier. Avec une plus large partie créative parfois. Ou avec une plus grande implication dans les choix stratégiques.

24 février 2009

Les livres de Pascale

Dans la forêt touffue de la littérature, moi parfois ce que j'aimerais, c'est des pistes, et les pistes sont plus agréables à suivre quand c'est quelqu'un qu'on aime bien qui montre la direction...Voilà, c'est ça que j'aimerais.

Alors j'ouvre le ban, un peu rapidement, sans réfléchir plus que cela, dans l'instant...

Moi, si on me demandait: "C'est quoi, TES livres?"..., je répondrais qu'à 15 ans, c'était Yourcenar avec "Les Mémoires d'Hadrien", puis il y a eu tout Steinbeck avec notamment "Les Raisins de la colère", et puis Maupassant, "Les Justes" de Camus et "Les Mains Sales" de Sartre, mais que maintenant je dirais "Une vie bouleversée" d'Etty Hillesum, même si bizarrement je n'ai jamais pu aller au bout, "Une saison de machettes" de Hatzfeld... ou le texte de février 2009 des neuf intellectuels antillais réunis autour de Chamoiseau, et qui n'est pas un livre...

Ca, ce sont mes livres en mode majeur, et après il y a le mode mineur : les polars de Daeninckx, "Lignes de faille" de Nancy Huston, "Ellen Forster" de Kaye Gibbons... ah et puis Jean-Claude Izzo, "Total Khéops" et les autres, mais aussi ( ah dois-je les mettre en mineur ou en majeur ??) les pièces d'Euripide, et au travers de la traduction les textes de Démosthène...

Je pourrais développer, réfléchir... mais vous, c'est quoi VOS livres ???

Pascale

13 février 2009

Club lecture n°10.

Livre proposé par Christophe. Soirée chez Jean-Marc.

Légendes d'automne, Jim Harisson.

Dear friends,

Vus du 16ème étage avec un regard d'oiseau, il était impossible de déterminer si les sept membres du club lecture dégustaient un plat qui se mange froid. L'air du soir ne disait pas encore si le grand absent, Christophe, avait été arrêté par les Federales de l'honnête bourgade d'Antony. Un tour de table eut lieu. "C'est un livre très prenant"... "Oui, ça dépend des nouvelles"... "C'est tout de même un peu caricatural, notamment dans la première nouvelle"..."Ce style concret, sensuel"... Il fut question des préférences entre les trois nouvelles, qui vantant le côté cinématographique de "Vengeance...", qui mettant en avant la fougue épique de "Légendes d'automne". Beaucoup découvraient l'écriture de Jim Harrison et certains manifestèrent leur enthousiasme. "Cette écriture simple et directe, dont on ne voit pas les ressorts et les trucs"... Le personnage principal de "L'homme qui abandonna son nom" fascina par sa capacité à traverser sa vie sereinement, habité par les mots de Cioran.

Les désaccords, comme toujours amicaux entre ces péones de la région parisienne, n'empêchèrent pas de souffler la bougie du 10ème anniversaire du club lecture.

Il fut décidé que le prochain club lecture aurait lieu le vendredi 20 mars. Stéphane proposa d'accueillir dans son ranch du 14ème arrondissement. Malheureusement, le livre qu'il avait suggéré, "Le rapport de Brodeck" de Philippe Claudel, n'est pas encore sorti en poche - sûrement un coup des Mexicains - mais le sera en avril : ce n'est donc que partie remise. Je vous propose donc un autre livre en attendant : "Le sergent dans la neige" de Mario Rigoni Stern (10/18, 6 euros). Il est temps de faire place à la littérature italienne!

Voilà. Il ne reste plus grand chose à raconter. Si l'on est croyant ou encore naïf, l'on peut penser que chacun obtiendra dans l'existence la part de mystère dont il rêve. Il suffit peut-être de marcher vers le soleil couchant et de fixer le sommet de la colline. "Il y a peu de choses à dire au sujet du bonheur; il se contente d'être lui-même, placide, presque somnolent. C'est un état que l'on adopte d'un coeur léger mais avec un esprit parfois torturé."

Bonne lecture à tous!
Bises,
Muriel.

12 février 2009

Club lecture n°10 encore (par Nicolas).

Que dire de plus...

Chacun défendit ses arguments avec style, personne ne fut oublié. Un tour de table imposé par Sabry, improvisé maître de cérémonie pour l'occasion, permit de s'exprimer sans entrave à chacun de ceux qui avaient su braver le vent et les portes qui ne s'ouvrent que dans un sens, allant même jusqu'à marcher dans la boue. La règle dictée était simple, incontestable : Il était interdit d'intervenir avant que chacun ait pu s'exprimer. au cours de ce cérémonial improvisé, chacun, attendant plus ou moins patiemment son tour était pendu aux lèvres de son voisin, notant dans un coin de sa tête les détails qu'il ne manquerait pas d'exprimer plus tard, quand la parole lui serait revenue.

S'ensuivit une discussion endiablée, certains vantant la profonde humanité des personnages de Harisson, dont la grandeur d'esprit et le sens du sacrifice impressionnèrent les plus aguerris, d'autres, moins enthousiastes, parlèrent d'un style peu renouvelé, d'une histoire qui sombre dans le cliché. L'apéritif se conclut sur une allusion à la quasi omniprésence de la question culinaire dans chacun des trois récits. Allusion qui constitua une excellente transition pour l'arrivée de l'assiette de charcuterie apportée par Stéphane. Un peu plus tard, Sabry assaisonna d'une traduction simultanée d'un article du "New York Times" une quiche préparée avec amour par Jean-Marc. Le dessert constitué de gâteaux, fut l'occasion de tourner la conversation vers des sujets plus variés.

Nicolas

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